Publicité
La dette mondiale, la fuite en avant -
Lettre de conjoncture Janvier 2020
Article d'expert

Vendredi 10 Janvier 2020 à 10h40 par Octave Family Office

La dette mondiale, la fuite en avant - Lettre de conjoncture Janvier 2020


La dette mondiale, la fuite en avant.

Les marchés financiers sont euphoriques et nombreux sont ceux qui estiment que cette tendance pourrait perdurer pour l’année à venir. L’optimisme est de mise en ce début d’année et ce malgré une économie mondiale qui est loin d’afficher une santé resplendissante.

Le monde croule sous les dettes. L’ensemble de la dette mondiale dépasse 255 000 milliards de dollars (230 000 milliards d’euros) à la fin de 2019, selon des estimations de l’Institute of International Finance (IIF), soit près de 32 500 dollars pour chacun des 7,7 milliards d’humains vivant sur terre. Ce montant est plus de trois fois supérieur à celui du produit intérieur brut (PIB) mondial.

Cette dette mondiale se calcule par l’addition de toutes les dettes des Etats, des entreprises et des particuliers.

La Banque Mondiale parle de vagues de dettes qui s’intensifient au cours des 50 dernières années. Les trois premières se sont soldées par des crises financières, en Amérique latine dans les années 1980, en Asie à la fin des années 1990 et dans le monde en 2008. Leur impact a été particulièrement important dans les pays aux économies en développement.

La quatrième vague est pire que les autres. Elle est « plus large, plus rapide et plus étendue », résume la Banque mondiale. La progression de la dette dans les pays émergents et les pays en développement est en moyenne de 7 % par an.

Environ 60% de la hausse de cette dette au cours du premier semestre 2019 résulte des Etats-Unis et de la Chine. La seule dette des Etats devrait dépasser 70.000 milliards cette année, selon l’IIF. Une autre étude conclut que depuis la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers en 2008, les Etats ont emprunté 30.000 milliards de dollars, les entreprises 25.000 milliards, les ménages 9.000 milliards et les banques 2.000 milliards.

Après la crise financière de 2008, qui a été très sévère, il était assez normal d’assister à une hausse de la dette des Etats, car les économies développées ont dû mettre en place des mesures de stabilisation et ont consenti à certaines dépenses extraordinaires.

Le problème est que depuis maintenant plus de 10 ans nous n’avons assisté à aucun effort des Etats pour mettre en place des politiques de désendettement. Le rythme de croissance assez faible dans de nombreux pays n’a pas incité à une réduction de la dette publique.

En 10 ans, la dette publique, exprimée en pourcentage du PIB, est passée de 61% à 98% aux Etats-Unis, de 67 à 112% en France, de 44 à 110% au Royaume-Uni, de 36 à 110% en Espagne.

Avec des taux d’intérêt normalisés, on pourrait s’attendre à une crise financière et économique de grande ampleur dans un horizon relativement court. Mais ce cycle financier ne ressemble pas aux autres. Malgré cet endettement record, les obligations d’Etat n’ont sans doute jamais été aussi prisées, avec des taux à 10 ans allemands toujours plus négatifs.

En outre, même si le ratio de la dette publique globale/ PIB a fortement progressé depuis la crise financière de 2008, si l’on admet que la portion de la dette publique détenue par les banques centrales ne sera jamais remboursée, on constate alors que la plupart des gouvernements se sont en fait désendettés au cours de la dernière décennie.

Aujourd’hui, la confiance accordée aux banques centrales et aux Etats par les acteurs économiques et en particulier par les marchés est une garantie de stabilité, garantie fragile et qui pourrait basculer à tout moment.

Les pays émergents et avec eux la Chine sont plus particulièrement dangereux pour l’équilibre financier mondial.

En 12 ans, depuis 2008, la dette chinoise, publique et privée, a augmenté de 445%. Poussée par le secteur immobilier et par le shadow banking (l’octroi de crédits par des organismes non bancaires et donc moins régulés), elle atteint aujourd’hui 33.000 milliards de dollars, dont 20.000 milliards pour les seules entreprises non financières.

Cet endettement chinois résulte principalement des mesures de soutien économique prises après la crise de 2008, comme des investissements dans les infrastructures et le marché immobilier réalisés par des entreprises détenues par l’Etat (ou « publiques »). Il a été financé par le système bancaire chinois.

Il existe un risque lié à la dette en Chine, mais s’il devait y avoir une crise, la contagion au reste du monde devrait être limitée. » La dette chinoise est surtout libellée en monnaie locale.

Sur les marchés de la dette, d’autres compartiments soulèvent aujourd’hui des questions quant à leur solidité. C’est le cas des leveraged loans, des prêts, sans trop de garanties, accordés aux entreprises déjà très endettées ou à des projets très risqués. Les leveraged loans atteignent un encours de 1.200 milliards d’euros, rien qu’aux Etats-Unis. Une taille du même ordre que celle des crédits subprimes en 2007.

Le FMI a mentionné le fait qu' » en cas de ralentissement marqué de l’activité, dans le plus sombre des scénarios, 40% de la dette des entreprises dans les huit plus grandes économies, soit 19.000 milliards de dollars, seraient exposés à un risque de défaut, soit plus que le niveau observé durant la dernière crise financière.

Le monde fait face au mur de la dette et pour qu’il ne représente pas un obstacle infranchissable, les banques centrales du monde entier sont à la manœuvre pour éviter un accident majeur qui pourrait se traduire en crise systémique.

La clé d’un environnement d’endettement viable au cours de la ou des prochaines décennies sera de maintenir les taux nominaux bien en deçà du PIB nominal.

Les banques centrales devront poursuivre leur politique non conventionnelle en achetant encore un peu plus de dettes, en maintenant leur taux directeurs au plancher et en recommençant à acheter des obligations pour abaisser les taux à long terme. Les taux vont rester proches de zéro pendant très longtemps encore.

Dans ce contexte les actifs risqués devraient encore trouver tout leur intérêt aux yeux des investisseurs.


Pour en savoir plus


Octave Family Office

Votre Family Office : Local, Impartial, Exclusif. Notre métier : protéger vos intérêts, vous guider dans vos investissements, vous décharger des contraintes administratives.
Octave Family Office
Ile-de-France ( France )
Les dernières actualités de Octave Family Office
07/03/2023 DAF entreprise et DAF patrimonial, quelle valeur ajoutée pour les chefs d’entreprise ?
13/12/2021 L'Europe fragilisée - Lettre de conjoncture Décembre 2021
16/11/2021 Croissance durable : Oxymore ou ambition réalisable ? Lettre de conjoncture Novembre 2021
01/10/2021 Un Brexit lourd de conséquences économiques - Lettre de conjoncture - Octobre 2021
03/09/2021 Que pense la FED de la situation économique et financière ? Lettre de conjoncture - septembre 2021
02/09/2021 OCTAVE distingué dans la catégorie "Forte notoriété" du classement Leaders League 2021 des Multi Family Offices indépendants
06/08/2021 Marchés des matières premières : que se passe-t-il ? Lettre de conjoncture Aout 2021
06/07/2021 Chine : L'histoire se répète - Lettre de conjoncture Juillet 2021
15/06/2021 Croissance : De quoi parle-t-on ?
10/05/2021 L’accroissement des inégalités : un risque majeur pour l’économie - Lettre de conjoncture mai 2021
06/04/2021 Lettre de conjoncture avril 2021
08/03/2021 La reprise, mais dans quelles conditions ? Lettre de conjoncture mars 2021
04/02/2021 Le coronavirus sonne-t-il la fin du libéralisme ? Lettre de conjoncture Février 2021
25/01/2021 Est-il préférable d'acheter comptant sa résidence principale ou d'emprunter et de placer les sommes restées disponibles ?
07/01/2021 Une année imprévisible - Lettre de conjoncture janvier 2021
08/12/2020 "And the winner is..." Lettre de conjoncture Décembre 2020
13/11/2020 Quand la visibilité se réduit - Lettre de conjoncture du mois de novembre 2020
07/10/2020 Une période électorale à haut risque - lettre de conjoncture Octobre 2020
17/09/2020 La sélection des fonds dans un portefeuille financier - Dossier du mois - Septembre 2020
08/09/2020 Les effets inattendus du virus - Lettre de conjoncture Septembre 2020
31/07/2020 La fin du rêve américain ? Lettre de conjoncture Août 2020
10/07/2020 L'Europe comme réponse à une crise inédite - Lettre de conjoncture Juillet 2020
22/06/2020 Inflation, déflation, hyperinflation - dossier du mois Juin 2020
08/06/2020 Et maintenant ? Lettre de conjoncture Juin 2020
29/05/2020 L'évaluation des actifs financiers - dossier du mois de mai
06/05/2020 Dans l'attente d'une meilleure visibilité - Lettre de conjoncture Mai 2020
16/04/2020 Utilisation personnelle d'un bien immobilier détenu au travers de sa société - Dossier du mois d'avril
07/04/2020 Le monde au ralenti - Lettre de conjoncture Avril 2020
27/03/2020 Décryptage de la situation économique actuelle : webinar jeudi 2 avril à 15h00, animé par Fabienne Tokay, présidente d’Octave Family Office
24/03/2020 La transparence des frais dans l'assurance vie - Dossier du mois de mars
09/03/2020 Un virus qui fait trembler l'économie mondiale - Lettre de conjoncture Mars 2020
17/02/2020 Investissement financier : construction d'une allocation d'actifs - Dossier du mois de février
07/02/2020 Ralentissement de la croissance : quel impact sur les marchés ? Lettre de conjoncture Février 2020
16/01/2020 La gestion de trésorerie : un dilemme pour les entreprises - Dossier du mois Janvier 2020
10/01/2020 La dette mondiale, la fuite en avant - Lettre de conjoncture Janvier 2020
30/12/2019 Analyse d’un portefeuille d’actifs financiers - Dossier du mois - Décembre 2019
13/12/2019 Une nouvelle identité visuelle pour OCTAVE FAMILY OFFICE
09/12/2019 2019 : Une année de ruptures ? Lettre de conjoncture - Décembre 2019
13/11/2019 L’activité de marchand de biens : TVA (2e partie) - Dossier du mois de novembre 2019
06/11/2019 Brexit : L’histoire sans fin ou la fin d’une histoire ? Lettre de conjoncture Novembre 2019
18/10/2019 L’activité de marchand de biens (1re partie) - Dossier du mois d'octobre 2019
03/10/2019 En quoi les fragilités de l’Allemagne présentent-elles un risque pour l’Europe ? Lettre de conjoncture Octobre 2019
30/09/2019 OCTAVE entre dans le classement Décideurs des meilleurs Family offices indépendants en France
11/09/2019 Terrain constructible : accompagnement à la valorisation et la cession - Dossier du mois de septembre 2019
06/09/2019 La guerre commerciale et le risque de récession aux Etats-Unis - Note de conjoncture Septembre 2019
06/08/2019 Financement : avez-vous pensé à la fiducie-sûreté ? Dossier du mois - Août 2019
31/07/2019 Les taux baissent et les marchés montent : lettre de conjoncture août 2019
10/07/2019 SARL de famille et location meublée : présentation stratégique et cas pratique (Dossier du mois – Juillet 2019)
08/07/2019 Nouvelles monnaies : vers un nouvel ordre monétaire ? Lettre de conjoncture Juillet 2019
07/06/2019 Marchés financiers : et maintenant ? Lettre de conjoncture juin 2019
24/05/2019 Comment évaluer l’impact d’un engagement philanthropique ?
06/05/2019 L’Union Européenne : le mythe d’une grande puissance - Lettre de conjoncture Avril 2019
18/04/2019 Les chartes familiales : un outil de consolidation de l’harmonie familiale
04/04/2019 Chine : le ralentissement a-t-il réellement débuté ? Lettre de conjoncture du mois d'avril
26/03/2019 Gestion active ou gestion passive dans la construction d’un portefeuille d’actifs financiers ?
19/03/2019 Les fonds d’obligations convertibles : plus performants que les fonds flexibles ?
05/03/2019 L’économie américaine : la fin du rêve américain ? Lettre de conjoncture du mois de mars
18/02/2019 ISR : la bonne conscience de la finance ?
11/02/2019 Lettre de conjoncture février - 2019 : un virage économique difficile à négocier
29/01/2019 Une question/Une réponse : Compte courant d'associé et Dutreil
23/01/2019 Octave Family Advisor organise une réunion d'information sur la trésorerie d'entreprise le 5 février 2019 de 8h00 à 09h30 au New Hotel of Marseille
22/01/2019 Lettre de conjoncture Janvier 2019 : Le message des marchés financiers
21/01/2019 Abus de droit L64A : l’application inadaptée d’une règle à destination des entreprises ?