Les Entreprises de Services Numériques ou ESN ont pour première mission d’assister les organisations de grande envergure comme les entreprises privées ou les administrations publiques dans leur mutation digitale. Cette transformation a pu être menée grâce au développement du numérique et à l’exploitation des données.

Les règles régissant l’économie de marché dans ce secteur d’activité fonctionnent pourtant dans le sens contraire de la normale. En effet, si les entreprises clientes se font nombreuses et que les ressources ne suffisent pas, les tarifs de prestation stagnent. Ils sont même contenus pour ne pas s’envoler. Face à cette situation invivable, les ESN doivent changer de modèle.

Les ESN dans une situation difficile

Le modèle habituel des ESN consistant à envoyer en mission chez les clients ses consultants en informatique n’est plus viable. En effet, en dépit de l’avenir prometteur de leur activité, les ESN rencontrent des soucis de rentabilité. Si la loi de l’offre et de la demande fonctionne à merveille dans tous les secteurs de l’économie, ce n’est pas le cas dans la prestation informatique. Pire, les grandes entreprises réputées être plus mûres que les ESN se font de plus en plus exigeantes envers les prestataires informatiques. C’est sans compter la recherche du sens à leur travail des employés et le cruel manque de compétences.

Pour sortir de ces nombreuses difficultés, les ESN doivent se muter. En effet, elles ne peuvent plus uniquement compter sur la notion de volume pour se développer. Elles doivent fournir plus de valeur aux entreprises clientes en se basant sur la créativité, la méthodologie et l’innovation, ce, via la fonction R&D et capitalisation.

Un modèle de croissance désormais basé sur la valeur

Ce n’est donc pas une surprise si les ESN décident d’opter pour un modèle de croissance basé sur la valeur. Toutes les industries font d’ailleurs pareil, car ne peuvent pas croître de manière indéfinie. Il y aura toujours un moment où elles doivent se pencher sur la pérennité de leur modèle de croissance.
Les ESN doivent élaborer et travailler sur d’autres méthodes de livraison pour produire plus de valeur. Elles ont toujours eu l’habitude de fournir des prestations d’assistance technique au forfait ou en régie. Mutation oblige, les grandes entreprises ont pourtant urgemment besoin de rapidité et d’agilité. Il n’est donc plus question de travailler sur des projets de longue haleine ou sur des appels d’offres qui nécessitent des mois pour se réaliser. L’avènement de l’agilité a rendu en partie obsolète le modèle classique du forfait des ESN.

Dorénavant, elles doivent diversifier les modes de livraison de leurs prestations et s’organiser en fonction. Elles peuvent voguer entre 2 modèles :

 mettre en place des petites équipes agiles ou squads qui vont intervenir chez les clients pour leurs projets, être obligées de renforcer leurs moyens et facturer au temps passé,

 ou livrer de manière distribuée, simultanément sur site et par le biais d’un centre de service externalisé, à proximité ou offshore.

L’innovation et la capitalisation pour trouver de la valeur

Les ESN doivent également compter sur l’innovation pour renforcer leur valeur. Bon nombre des technologies émergeant sont en effet innovantes. Même si elles sont prometteuses, les groupes de grande envergure ne pourraient pas y baser leurs systèmes d’information. Comme ces technologies viennent tout juste de connaître le jour, elles doivent faire leurs preuves. Les ESN ont ainsi un rôle à y tenir, en prouvant leur aptitude à innover et à se placer comme l’élément qui stabiliserait ce besoin de technologie et le problème d’industrialisation des entreprises clientes.

Pour rester lucratives, les ESN doivent aussi savoir tirer profit de leur expertise et de leurs expériences chez les entreprises clientes. Il n’est plus question de recommencer dès le début à chaque nouveau projet. Elles doivent connaître les solutions adaptées à chaque cas et aux besoins répétitifs et pouvoir élaborer à partir celles-ci d’incontestables boîtes à outils. Grâce à ces outils réutilisables à volonté, les consultants des ESN gagneraient du temps. Les entreprises clientes en profiteront aussi vu que leur utilisation requiert moins de ressources. A cette ère où le manque de compétences sévit, une telle possibilité a de quoi intéresser. Elle participe aussi à la sécurisation des projets et facilite la maintenance.

Quant au souhait des collaborateurs de trouver plus de sens à leur travail, les ESN doivent déployer une Responsabilité Sociétale des Entreprises qui s’occupera aussi de l’aspect social des projets. Cette RSE ne sera plus uniquement utilisée comme argument marketing, mais servira aussi pour attirer les compétences. Les ESN doivent aussi mettre en place un management soutenu, mais souple et bienveillant.

En montant en valeur, les ESN satisfont aux nouvelles attentes de leurs clients, mais aussi à ceux de leurs salariés. C’est un défi qui promet à l’un et à l’autre de bénéficier de nombreuses opportunités qui en découleront, la garantie de la pérennité des ESN.