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En finir avec la Bourse " casino ". La réforme nécessaire pour obtenir l'adhésion des entrepreneurs
Gilles Lecointre / EYROLLES
LIBRAIRIE EYROLLES
55-57-61 Boulevard Saint-Germain - 75005 Paris
Tél : 0 321 79 56 75
Contact(s) : Auteur : Gilles Lecointre
www.eyrolles.com
 
 
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En finir avec la Bourse " casino ". La réforme nécessaire pour obtenir l'adhésion des entrepreneurs

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Un instrument de financement utile mais largement décrié

A l’heure où un député européen fait la grève de la faim pour réclamer une taxation des transactions financières et investir pour « le climat, la santé et l’emploi », à l’heure où des dirigeants de laboratoires n’hésitent pas à tirer un profit personnel de la valorisation de leur « boîte » anti-COVID, à l’heure où en un clic, sur la base d’une simple rumeur, des traders ambitieux font varier le cours et donc la capitalisation d’entreprises planétaires etc...cette heure-là de notre Histoire, il est sans doute fondé de se poser une question toute simple :


A quoi sert la Bourse, travaille-t-elle dans l’intérêt commun des entreprises et de la Société ?


Il est délicat de blasphémer sur une Icône du capitalisme, la Bourse, dont on nous dit qu’elle est le « poumon » de l’économie. Pour contourner la critique, on argumente que c’est « complexe ».

Seuls des spécialistes peuvent comprendre ! En réalité, on ne retient qu’une seule chose, le côté « casino », la boîte à malices permettant de gagner beaucoup d’argent sans travailler.
Rappelons cependant que La Bourse est un instrument de financement des entreprises qui y sont « cotées ». La « cote » est fixée par un processus banal de rencontre de l’offre et de la demande.

Quand il y a plus de demandes d’achat d’un titre que de de propositions de vente, la valeur du titre, son « cours », augmente. Rien donc de bien sorcier sur le principe.


En donnant accès à son capital, l’entreprise cherche à obtenir plus vite les moyens de financer son développement. Des moyens supérieurs à ceux qu’elle pourrait générer elle-même par son activité. Cela paraît donc à priori un « jeu » gagnant-gagnant : l’entreprise se procure de l’argent dont elle ne disposait pas, elle peut ainsi grandir, ce qui donnera envie plus tard à de nouveaux individus d’en acheter des titres et donc d’en faire monter le cours….. Et ainsi, le cercle vertueux s’enclenche.



Le paradoxe coupable des enjeux et du fonctionnement

Comment se fait-il alors que cette digne Institution attire à elle de plus en plus de critiques virulentes ?

L’explication de fond tient au fait que ce processus de mutuel enrichissement entreprise - actionnaire ne peut marcher que sur un temps assez long, celui d’un cycle d’investissement. On imagine mal comment une entreprise pourrait avoir un retour sur investissement avant quelques années, le temps normal de mise en place, de production puis de commercialisation d’une nouvelle idée. Or, et c’est là le paradoxe, une entreprise est cotée tous les jours, à tout instant. Et donc son cours peut varier bien avant que son investissement ait pu porter (ou non) ses fruits.


La Bourse, supposée apporter une solution stable de financement à long terme des entreprises, fonctionne sur la base du très court terme. Ce dilemme peut être surmonté en période économique « normale » où les prévisions sont fiables. Dans ce cas, il n’y a aucune raison de « spéculer » autre chose que ce qui est prévu, car cela va arriver très probablement. Ce genre de période correspond aussi à des évolutions technologiques de faible ampleur sans innovation de rupture majeure.


Malheureusement ces périodes « calmes » sont rares en économie et en tous cas, ce n’est pas ce que nous vivons depuis de nombreuses années: succession de grandes découvertes scientifiques et techniques, mais aussi de crises, raccourcissement des cycles de production et de consommation. Dans ce monde-là tout est volatile. A tout moment un concurrent peut jaillir et renverser les plans de ses compétiteurs. Ceci constitue la première raison objective de l’instabilité actuelle des cours de Bourses.

La communication électronique planétaire, la concentration des pouvoirs et de la richesse accentuent le comportement paradoxal de la Bourse



La seconde raison du « yoyo » permanent, c’est la puissance nouvelle des moyens de communication. Puissance qui donne capacité de réagir en un quart de seconde à une information provenant du monde entier et suscitant un désir de vendre ou d’acheter un titre.


La troisième cause de la volatilité c’est la force de lobbyings animés par la seule volonté de faire du profit immédiat. Ils surfent en permanence sur toute info, même insignifiante, susceptible d’influencer la marche des entreprises. Dès qu’on détient une telle information, on « la monte en épingle », et on organise des mouvements d’achat et de vente massifs des titres pour en tirer un gain instantané. Ce phénomène est alimenté par le fait qu’avec une part faible du capital détenu on peut non seulement faire changer le cours d’une action, mais également prendre d’assaut le pouvoir au sein du conseil d’Administration !


Cette « danse de Saint Guy » est aussi favorisée par une concentration croissante des richesses. Un nombre restreint de familles détient une part significative du patrimoine mondial et a beaucoup de difficultés à trouver des placements « juteux ». Dans cette recherche incessante, des gestionnaires de patrimoine sont chargés, moyennant de coquets incentives, de chasser les opportunités. Et ils ne se privent pas d’agir en tout lieu, à tout moment...


La résultante de ce fonctionnement « moderne » de la Bourse, c’est, d’un côté, l’instabilité permanente de la valeur des entreprises, et de l’autre, en réaction, la frilosité des états-majors des entreprises. Devant la crainte de réactions incontrôlées de la Bourse, les dirigeants, jouant leur poste dans cette affaire, se plient aux desiderata du dieu financier. Ils calent leur décision sur un horizon à très court terme d’une part, et concentrent leur plan stratégique sur la seule profitabilité immédiate.


Est-ce que tout cela va dans le sens de l’intérêt des entreprises et des citoyens ordinaires ? Evidemment non. Pour commencer, il faut inlassablement rappeler que le cycle économique est lent et que, sans investissement à long terme, il n’y a pas de création de richesses et d’emplois. Par ailleurs, déstabiliser ce cycle, en détournant les dirigeants de leur mission principale - créer de la valeur à long terme- en les incitant à privilégier en priorité le cours du titre, a des effets directs et indirects dévastateurs. Plans sociaux à tout va afin de réduire les coûts entraînant la démotivation des salariés, fausse innovations marketing sans effet sur la croissance, valse des managements empêchant la construction de la confiance, destruction collatérale de valeurs environnementales... A partir de ce tableau clinique, on est en droit de faire l’hypothèse que l’absence significative de croissance et d’emplois depuis au moins 20 ans a aussi pour origine le manque de vision à long terme et le manque de respect de la valeur du temps...

La réforme nécessaire : moins de spéculation sans fondement, moins de cotation, plus de contrôle et de transparence sur les flux de transaction

Pour sortir de ce piège infernal, plusieurs voies sont possibles. D’abord, supprimer la Bourse ! Difficile politiquement de trouver un accord international sur une telle proposition. Les acteurs qui « jouent » en Bourse sont aussi les puissants et il est peu probable qu’on réussisse à les convaincre. Au surplus, le rôle d’une Bourse pourvoyeuse de capitaux aux entreprises est à la fois indispensable et souhaitable. Reste donc la solution de l’amélioration. Pour avancer sur cette piste raisonnable, essayons de retenir les bons côtés et d’éliminer les mauvais.


Que faut-il alors changer ? Il convient de gommer tout ce qui ne sert pas l’intérêt des entreprises et qui choque le bon sens. Ce qui n’est pas acceptable, c’est l’absence de relation logique et stable entre la marche à moyen terme d’une entreprise et son cours « du jour ». Or aujourd’hui, la logique qui prévaut, c’est l’optimisation du profit, non pas de l’entreprise, mais des spéculateurs. Il faut donc réfléchir aux moyens techniques capables de contrôler en amont beaucoup mieux les mouvements de spéculation purement opportunistes. Aucune réflexion sérieuse n’a été faite sur ce sujet qui semble être tabou. Et pourtant ce serait le bon moment pour réconcilier l’efficacité économique d’un instrument de financement indispensable et son efficacité sociale. Il appartient donc au politique d’intervenir pour initier le mouvement. L’intérêt supérieur de la vie économique et social exige de mettre fin à ce boursicotage indécent et inutile.


Organisons une concertation. Les pistes de réflexion ne manquent pas : affirmation de nouveaux principes d’éthique économique et sociale de la Bourse, structuration et mise en place de cotation moins fréquente, transparence des motivations à l’origine de mouvements importants de capitaux, information des entreprises sur l’exécution de leur plan stratégique, réglementation et encadrement de la rémunération des intermédiaires, différenciation plus fine de la taxation des plus-values de vente en fonction de la récence des achats, du nombre et de l’importance des « allers-retours » annuels, redéfinition des droits et devoirs des actionnaires, en fonction % du capital détenu...


Une fois cette réforme faite, peut-être qu’un beaucoup plus grand nombre d’entrepreneurs indépendants accepteraient de se joindre au mouvement. Ceci permettrait sans aucun doute d’accélérer la croissance et l’emploi à l’avantage partagé de tous les acteurs du « jeu économique ».



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