Certains pensent que l’entreprise est avant toutes choses une « boîte » économique, une sorte d’espace de jeu financier, dont la santé est liée d’abord à la compétitivité de ses produits, à son inventivité, à sa productivité, à son marketing, à sa technologie, à l’intelligence et au dynamisme de son patron, mais certainement pas à la qualité de ses relations sociales. Et pourtant ……. Le « capital » humain constitue l’élément essentiel de ce que l’on appelle les « actifs immatériels » d’une entreprise (voir article précédent à ce sujet). Ils doivent donc absolument être audités lors d’une acquisition. Ils peuvent jouer un rôle important dans l’évaluation du prix, aussi bien à la hausse qu’à la baisse. Prenons des exemples pour vous convaincre. Vous êtes dans une entreprise technique, la création de vos produits repose sur un ingénieur jeune et astucieux. Il est par ailleurs très lié au chef d’atelier qui est un de ses copains d’enfance…. Ils sont tous les deux moyennement payés mais aiment bien l’ambiance de l’entreprise. Supposez que la tête du repreneur ne leur « revienne pas » ; supposez qu’un concurrent ait eu vent du changement du propriétaire. Vous risquez fort de perdre les deux hommes clés du succès de l’entreprise. Ils partiront sans état d’âme parce que le « climat » instauré par la nouvelle direction aura changé. Le repreneur perdra à l’occasion de ce départ une grande partie de la valeur de l’entreprise fraîchement acquise. Prenons un autre exemple dans une entreprise de main d’œuvre. Une blanchisserie industrielle où le patron fondateur, autodidacte et autocrate, mène l’entreprise d’une main de fer en faisant passer toutes les décisions par lui. Les employés ont tous été recrutés par le dirigeant, dans un cercle proche de ses connaissances auprès de gens qui lui doivent tout et sont mal payés. Le personnel obéit mais à reculons. Le climat social paraît calme mais en réalité il existe de façon sourde de fortes revendications non assouvies. Le personnel n’est pas très performant et assure le « minimum syndical ». Ils pourraient faire beaucoup mieux mais ils ne sont pas motivés pour performer. Que se passet-il si la tête de l’entreprise vient à changer ? Un dernier cas de figure : une entreprise qui a été en grève plusieurs fois dans son histoire. Les employés se plaignent régulièrement de conditions de travail et de sécurité insuffisantes. Ils revendiquent une amélioration de leur sort mais à chaque fois, le conflit est résolu par des demi-mesures qui ne vont pas au fond des choses. Ce climat social est-il propice à la performance de l’entreprise ? Dans le cadre de mes recherches sur ce qui fonde la croissance et la réussite financière des entreprises, j’ai pu tester l’impact de critères qualitatifs sur le comportement économique des sociétés. Dans le tableau ci-après vous pouvez observer l’incidence de chaque critère retenu sur le taux de croissance du chiffre d’affaires mesuré sur 3 ans. On constate alors que la variable la plus impactante sur ce taux de croissance est précisément le climat social : entre les entreprises qui ont un mauvais climat social et celles qui bénéficient au contraire d’un bon climat, le taux de croissance varie de plus de 6 points annuellement. Ce chiffrement confirme l’idée simple que sans l’adhésion du personnel au business modèle de l’entreprise, l’entreprise progresse beaucoup moins vite. L’entreprise se bride elle-même si elle se prive de la première force de combat à son service, celle de ses employés. Cette remarque rejoint ce que nous avons dit précédemment à propos des modèles management dont le plus favorable et efficace est le modèle dit « associatif ». L’entreprise se doit d’être « collective » si elle veut réussir à long terme. Le « patron » doit certes tracer le chemin et indiquer la destination mais il doit être suivi. Il ne sert à rien d’être tout seul, en avance, très loin de ses troupes ! Le climat social instauré doit être tel que les employés de tous niveaux adhèrent au projet et le défendent bec et ongles au quotidien. Sinon, imaginez quel pourra être le discours diffusé auprès des clients et des fournisseurs….. Il n’y a pas le choix, vous devez d’abord convaincre vos employés de la justesse de vos vues sur l’avenir de l’entreprise si vous voulez réussir. Ce n’est pas une question de morale, c’est une question de moral ! Incidence de variables qualitatives sur la croissance des entreprises |
Variable analysée | Δ (minimum /maximum) des taux de croissance annuel observé dans chaque variable |
Climat social | 6.2 points |
Attractivité de la concurrence | 5.8 points |
Savoir-faire global | 5.6 points |
Elasticité prix | 3.0 points |
Fidélité client | 2.6 points |
Organisation | 2.5 points |
Etendue de la zone de chalandise | 2.4 points |
Nombre de clients | 1.7 points |
Détention de marques propres | 1.7 points |
Niveau de qualification du personnel | 1.4 points |
Position de niche | 1.1 points |
Détention de brevets, licence, distribution exclusive, normes ISO | 1.0 points |
Position de sous-traitant | 0.9 points |
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