Publicité
Rome bloque l'acquisition de l'activité
"commandes de vol " de COLLINS AEROSPACE
par SAFRAN

Vendredi 24 Novembre 2023 à 10h40

Rome bloque l'acquisition de l'activité "commandes de vol " de COLLINS AEROSPACE par SAFRAN


Le recours au "golden power" confère au gouvernement italien des pouvoirs spéciaux dans des secteurs considérés comme stratégiques pour le pays, comme la défense, permettant notamment de limiter ou bloquer les ventes d'actifs à des investisseurs étrangers
Le gouvernement italien s'est opposé à la vente de l'activité "commandes de vol" située en Italie de l'Américain Collins Aerospace à Safran, une décision liée au programme d'avion de combat Eurofighter, a annoncé lundi l'équipementier aéronautique français en se disant "stupéfait".

"Dans le cadre du projet d'acquisition des activités d'actionnement et de commandes de vol de Collins Aerospace, Safran a été informé de la décision du gouvernement italien d'exercer son +Golden Power+ et de s'opposer ainsi à la vente à Safran de Microtecnica S.r.l, société regroupant les actifs localisés en Italie", a indiqué Safran dans un communiqué.

Le recours au "golden power" confère au gouvernement italien des pouvoirs spéciaux dans des secteurs considérés comme stratégiques pour le pays - comme la défense - permettant notamment de limiter ou bloquer les ventes d'actifs à des investisseurs étrangers.

Safran avait annoncé à la mi-juillet vouloir racheter l'activité "commandes de vol" de Collins Aerospace, pour une valeur d'entreprise de 1,8 milliard de dollars. Cette activité emploie environ 3.700 personnes réparties sur huit sites en Europe (en France, au Royaume-Uni et en Italie) et en Asie.

La décision a été prise par Rome au motif d'"une menace exceptionnelle aux intérêts essentiels de la défense nationale et de la sécurité italiennes", a expliqué lundi à l'AFP le directeur général de Safran, Olivier Andriès, citant le décret.

Ce texte montre en outre, selon lui, "une coordination très forte entre l'Allemagne et l'Italie", parties prenantes au programme d'avion de combat européen Eurofighter, rival du français Rafale dont Safran est le fournisseur, "pour arriver à la conclusion qu'il fallait nous bloquer".

"L'Allemagne a considéré que l'acquisition par Safran de ces actifs pourrait amener à une interruption de la fourniture de pièces de rechange et de services pour soutenir le programme Eurofighter", a développé M. Andriès.

Dénonçant un "procès d'intention", le chef d'entreprise a estimé que Rome et Berlin "envoyaient un très mauvais signal pour l'avenir de la coopération européenne".

Safran est déjà fournisseur de systèmes critiques pour l'Eurofighter, notamment les trains d'atterrissage, a-t-il fait valoir. "Notre objectif est de fournir différentes plateformes, pourquoi pas concurrentes", comme c'est le cas avec Boeing et Airbus, a-t-il énoncé.

En outre, l'actuel propriétaire de Microtecnica est le plus gros fournisseur du programme américain concurrent F-35, ce qui n'avait pas dérangé l'Allemagne, a souligné M. Andriès, selon qui Collins Aerospace "a été aussi stupéfait que nous" par la décision italienne.

- "Prévenir les risques" -

Interrogé sur un possible recours, le directeur général a répondu que Safran regardait "toutes les options". Mais il a remarqué que les activités italiennes n'étaient "pas les plus critiques en termes de technologie" et ne représentaient que 15% du chiffre d'affaires de l'acquisition totale, dans laquelle le groupe reste "engagé".

"À la lumière du scénario géostratégique actuel, le gouvernement a jugé nécessaire de prévenir les risques, même potentiels, d'un impact négatif sur l'état de préparation des forces armées", ont expliqué à l'AFP des sources du gouvernement italien.

"Les éventuels ralentissements ou ruptures des fournitures et de la chaîne d'approvisionnement résultant de l'acquisition de Microtecnica par Safran" ne semblaient "pas compatibles avec les besoins opérationnels des forces armées de disposer de ces programmes et systèmes sans interruption", ont-elles ajouté.

"Les occasions ne manqueront pas pour le gouvernement italien d'expliquer aux alliés les raisons de cette mesure", ont souligné ces sources.

Dans sa forme initiale, la transaction - dont la finalisation était attendue "dans le courant du deuxième semestre 2024" - devait signer la plus grosse acquisition pour l'entreprise depuis l'OPA sur l'équipementier Zodiac Aerospace lancée en 2018.

Elle devait permettre au groupe de "donner naissance à un leader mondial de ces segments de marché", ainsi que de réaliser des économies d'échelle sur les coûts susceptibles d'atteindre 50 millions de dollars en rythme annuel d'ici à 2028.











Copyright © 2023 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.

Toute l'actualité de
Trouver des sociétés à reprendre dans le secteur "Fabrication de matériel aéronautique"
Négoce de matériels et de pièces pour l'industrie aéronautique
CA : 12 000 k€ Réf. : V73179 Posté le 13/10/2023Ile-de-France, France
Fabricant et distributeur d'équipements pour l'aéronautique civil et professionnel
CA : 7 100 k€ Réf. : V76994 Posté le 30/04/2024Rhône-Alpes, France
Industrie aéronautique : fabricant d'ULM + services
CA : 1 100 k€ Réf. : V79290 Posté le 13/09/2024Hautes Alpes
Les sociétés à reprendre du secteur "Fabrication de matériel aéronautique" / en Etats Unis