FUSACQ : 1) Pour quelle raison vous êtes-vous lancé dans la reprise d'entreprise ? Quel est votre parcours ?
Aurore Lebon Desroche : Après une formation généraliste au sein de l'ESSEC puis une carrière de huit années dans le domaine bancaire, des fusions-acquisitions et du conseil en stratégie, diriger ma propre structure était devenu pour moi une évidence.
Cependant, ne me sentant pas encore prête pour reprendre une structure existante, j'ai dans un premier temps crée mon activité d'accompagnement de dirigeants sur les enjeux de structuration, de consolidation et de diversification du développement.
Enrichie d'une dizaine d'années d'expériences en tant que chef d'entreprise, je me suis ensuite lancée dans le parcour du combattant qu'est la reprise.
2) Quel type de cible recherchiez-vous ?
Je recherchai une PMI entre 6 et 20 salariés, in bonis et riche d'un savoir-faire relevant de l'art de vivre à la française.
3) Combien de temps avez-vous mis pour reprendre une entreprise ?
21 mois m'ont été nécessaires pour reprendre.
Début 2013, j'ai défini et affiné mon projet. Mi 2013, la formation à la reprise du CRA m'a cadrée et ouvert des perspectives. De mai 2013 à juillet 2014, j'ai cherché tous azimuts via le site FUSACQ, le CRA, les CCI (et surtout la CCIP), les professionnels des fusions-acquisitions. En juin 2014, après 3 lettres d'intention non abouties, 3 nouvelles cibles se précisaient, toutes correspondant à mon cahier des charges.
4) Comment avez-vous trouvé votre cible ?
Dès septembre 2013, j'avais notamment pris contact avec Jean-Marc Raza au sein du réseau Eurallia ; après divers échanges, en mai 2014, il m'a informé de la constitution d'un nouveau dossier susceptible de correspondre à mes attentes.
5) Pouvez-vous nous décrire la société ?
Gauthier & Compagnie, fondée en 1888, est une PMI de 7 salariés riche de savoir-faire exceptionnels dans les tringles et mécanismes de stores de haute qualité fabriqués à Chartres. Nous comptons parmi nos clients les plus grands tapissiers français, cabinets d'architecte, décrorateurs et agences de design intérieur.
6) Quelles sont les caractéristiques qui ont retenu votre attention ?
La parfaite adéquation des produits et de leur positionnement avec ma recherche a été l'une des caractéristiques qui a retenu mon attention.
Egalement, la démarche volontaire et préparée de Bernard Gauthier, le cédant, qui depuis 3 ans avait structuré l'entreprise et les équipes pour rendre sereine une transmission.
Aussi, la culture qu'il a insufflé au sein de l'entreprise, très proche de mes valeurs personnelles.
Enfin, la solidité des bilans et la qualité de la cotation financière.
7) Pouvez-vous nous raconter la prise de contact avec l'intermédiaire puis le cédant ?
La prise de contact sur le dossier avec l'intermédiaire fut très professionnelle avec un memorandum d'information d'une rare qualité.
Le premier contact avec le cédant s'est bien déroulé quoique distant en présence de l'intermédiaire. Le rendez-vous en face à face une semaine plus tard nous permit de mieux nous jauger respectivement.
8) Vous êtes vous fait accompagner pour cette opération ?
J'ai eu la chance d'être soutenue par ma famille, des amis chefs d'entreprise, un coach et accompagnée par un réseau très actif autour de la reprise : la cellule reprise-transmission de la CCIP IDF, le CRA et le groupe ESSEC Repreneurs
9) Souhaitiez-vous rencontrer l'équipe avant la finalisation de l'opération ?
Je l'aurais bien évidemment souhaité et c'est d'ailleurs demeuré la grande inconnue jusqu'au dernier moment. Cependant, cela a évité de déstabiliser l'équipe et l'entreprise ; la passation s'est déroulée de manière très fluide avec une étape en binôme jusqu'à la signature de l'acte final puis un accompagnement qui était une véritable transmission, ce qui fut une chance pour l'entreprise, l'équipe, le cédant et moi.
10) Quand avez-vous commencé à évoquer le prix de cession ?
Le processus était bien bordé donc l'attente du cédant en termes de prix était claire dès la communication du dossier par l'intermédiaire. Gauthier & Cie étant en bonne santé financière, les méthodes de calcul étaient claires et simples. Ce sujet du prix n'a jamais fait l'objet d'une discussion directe avec le cédant qui ne souhaitait pas « polluer » nos relations.
11) Comment s'est passée la mise en place du financement ?
J'ai consulté une douzaine de banques à Paris où se trouve le showroom de Gauthier & Cie et à Chartres. Les plus actives et compétitives ont été les banques euréliennes dont la banque historique. Le financement a été réparti entre deux banques de Chartres.
12) Quels conseils donneriez-vous aux cédants et aux repreneurs pour ce type d'opérations ?
Le plus compliqué est la dimension humaine, les enjeux sont lourds pour le cédant qui doit accepter de tourner la page tout en gardant le gouvernail ainsi que pour le repreneur qui embarque sur son bateau son patrimoine, sa famille et sa vie. Aussi, en pleines négociations, cela génère des tensions, des réactions de part et d'autre parfois déconcertantes, des risques de ruptures…
Après 13 mois de recherche effective, 7 mois se sont écoulés entre la prise de connaissance du dossier en juin 2014 et la signature de l'acte final en janvier 2015 ; les derniers mois ont été usants nerveusement et physiquement ; et juste après, la vraie plongée dans l'inconnu commençait ! La reprise est une course de fond, d'obstacles, avec des sprints donc préserver sa santé et son mental est primordial.
