Jeudi 25 avril 2024 à 13h37
Le milliardaire Xavier Niel a cédé la quasi-totalité de ses parts dans le groupe Le Monde à un "Fonds pour l'indépendance de la presse", assurant ainsi la pérennité du capital du groupe, ont annoncé mardi Le Monde et son "pôle d'indépendance".
"C'est une avancée historique obtenue grâce à l'engagement de Xavier Niel, qui ajoute à notre indépendance éditoriale une sanctuarisation de fait de l'indépendance capitalistique du groupe", se félicite dans un communiqué le pôle d'indépendance, regroupant les sociétés de journalistes, personnels et lecteurs du Monde, de Télérama, de Courrier international et de La Vie.
À terme, le capital du groupe devrait être réparti "entre deux actionnaires: le Fonds pour l'indépendance de la presse, qui pourrait en détenir les trois quarts environ, et le Pôle d'indépendance, pour un quart environ", selon un communiqué distinct du conseil d'administration du fonds.
Dans le détail, ce conseil d'administration a le 17 avril "voté à l'unanimité l'acquisition, pour la somme de 1 euro, de l'intégralité du capital - moins une action - de NJJ Presse", contrôlée par Xavier Niel, propriétaire du groupe Iliad. Niel conserve une action, pour pouvoir réinvestir dans le groupe de presse si nécessaire.
NJJ Presse comprend Le Monde, Télérama, Courrier international, La Vie, le HuffPost (85% du capital) et Le Monde diplomatique (51% du capital), ainsi que Le Nouvel Obs.
Le "Fonds pour l'indépendance de la presse", fonctionnant comme un fonds de dotation, a été créé en 2021 par Niel pour préserver l'indépendance du capital du groupe, après les tensions provoquées par l'entrée indirecte du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky fin 2018.
Le Monde suit ainsi les traces de Libération et Mediapart, qui ont également créé des structures à but non lucratif pour sanctuariser le capital de l'entreprise et le rendre incessible.
En septembre dernier, avec l'accord des salariés, Niel a racheté les parts de Daniel Kretinsky dans Le Monde.
En décembre 2020, Niel avait annoncé le transfert de sa participation dans le groupe Le Monde au fonds de dotation. Julia Cagé, présidente de la société des lecteurs du Monde, avait par la suite souligné les "brèches" dans son statut, donnant au milliardaire le contrôle de la gouvernance de la structure.
Le conseil d'administration du Fonds a souligné mardi que cet "organisme d'intérêt général à but non lucratif" a plusieurs missions au-delà du groupe Le Monde, dont le cofinancement des frais de justice des médias indépendants, l'avancement des frais pour des "enquêtes journalistiques longues contribuant à un débat d'intérêt général", et le soutien à des travaux de recherche consacrés à la "lutte contre la désinformation".
Source : Fusacq