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L'UE bloque la fusion des chantiers
navals sud-coréens DAEWOO et HYUNDAI

Vendredi 14 Janvier 2022 à 08h00

L'UE bloque la fusion des chantiers navals sud-coréens DAEWOO et HYUNDAI


Ce projet d'union avait été notifié en novembre 2019 à la Commission européenne, qui avait ouvert une enquête approfondie dès le mois suivant
L'UE a bloqué jeudi la fusion des chantiers navals des groupes sud-coréens Daewoo et Hyundai, deux mastodontes mondiaux du secteur, redoutant "une position dominante" et un renchérissement du coût du transport de gaz naturel liquéfié, sur fond de flambée des prix de l'énergie en Europe.

Ce projet d'union avait été notifié en novembre 2019 à la Commission européenne, qui avait ouvert une enquête approfondie dès le mois suivant.

"L'acquisition de Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering par Hyundai Heavy Industries Holdings aurait (...) réduit la concurrence dans la construction de grands navires de transport de gaz naturel liquéfié (GNL), pour lesquels il existe une demande importante de la part des transporteurs européens", a indiqué la Commission européenne dans un communiqué.

L'entité issue de la fusion "aurait été de loin le plus grand acteur au monde, sur un marché déjà concentré", puisque ces groupes sud-coréens contrôlent déjà à eux deux plus de 60% du marché mondial des navires de GNL.

Gardienne de la concurrence dans l'Union européenne, la Commission craint que les armateurs européens n'aient pas un pouvoir de négociation suffisant. Ils "se seraient retrouvés avec bien peu d'alternatives puisque seule une poignée de concurrents auraient survécu", a insisté devant la presse la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager.

Elle a regretté que les deux groupes n'aient pas proposé de "mesures correctives" répondant aux préoccupations de la Commission.
"Peu importe où se trouvent les entreprises voulant fusionner. Ce qui importe c'est qu'elles participent à la concurrence pour répondre à une demande en Europe", a souligné Mme Vestager.

Au final, cette réduction du choix aurait conduit "à une hausse des prix pour les clients de l'UE et, en fin de compte, pour les consommateurs d'énergie", fait valoir l'exécutif européen.

"Le gaz naturel est une marchandise stratégique", notamment dans le contexte de crise de l'énergie, avait expliqué en début de semaine à l'AFP une source proche du dossier. "Les tarifs du transport ont explosé. Le risque est d'ajouter des prix encore plus élevés à des cours de l'énergie qui ont eux-mêmes flambé".

Or, les perspectives de la demande sont "positives", rappelle-t-on à Bruxelles: ces cinq dernières années, le marché mondial de la construction de grands transporteurs de GNL a représenté quelque 40 milliards d'euros, les clients européens comptant pour environ la moitié des commandes.
Or, en cas de fusion Daewoo-Hyundai, les constructeurs navals restants, qui peinent déjà à résister à la pression des deux géants sud-coréens et à engranger de nouvelles commandes, seraient contraints de s'aligner sur les prix du groupe fusionné.

Et ce d'autant que "la clientèle des grands transporteurs de GNL est généralement fragmentée et caractérisée par de petites commandes" et que les clients ont déjà "un choix très limité".

L'exécutif européen pointe par ailleurs "des barrières très élevées à l'entrée: les grands transporteurs de GNL sont des navires hautement sophistiqués et différenciés, extrêmement complexes à construire".

Il est rare que la Commission européenne interdise une fusion, la dernière décision de ce type avait été prise en juin 2019 avec le refus du projet d'entreprise commune des sidérurgistes indien Tata Steel et allemand ThyssenKrupp.






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