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"Financer ou s'adosser : plus besoin de décider à priori !" par Eric Félix-Faure, Associé fondateur AELIOS FINANCE

par OAKLINS

Continuer à financer sa croissance par le biais d’un fonds ou s’adosser à un industriel est souvent un choix cornélien pour les entrepreneurs. On agit souvent trop tard ou parfois trop tôt ! « lever des fonds » ou « financer son développement » sont parfois des stratégies conduites par défaut. Ces opérations créent-elles réellement de la valeur pour les actionnaires existants ou détruisent-elles des potentialités d’alliances ou de sortie, compte tenu de la dilution ou des conditions contractuelles du financement ?


❚ Parlons de financement de croissance, comment savoir si une levée de fonds vaut le coup ?
Un entrepreneur est souvent concentré sur le financement de sa croissance, loin devant son intérêt d’actionnaire. Or, il devrait pouvoir choisir à quel moment (et souvent à quel prix) il est judicieux et optimal d’arrêter de financer sa croissance
et passer la main. Il s’agit donc de confronter l’intérêt de l’entreprise (financer sa croissance) à celui de l’actionnaire (créer de la valeur au travers de la valeur de revente de l’entreprise ou des dividendes qu’elle délivre).

❚ Vous avez un cas d’école pour illustrer cela, celui de Yellow, l’entreprise de Monsieur Georges ?
Georges a créé la société Yellow il y a cinq ans. Yellow, un leader thématique de l’Internet français, est un véritable succès, réalisant près de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires avec une très forte rentabilité (> 40 %). Après avoir initié les bases
d’un développement international dans cinq pays, Georges recherche le financement de 5 millions d’euros pour accélérer sa croissance. Yellow représente donc une opportunité d’investissement très attractive pour des investisseurs. La levée est donc de notre point de vue réalisable de manière assez certaine. Mais Georges n’appréhende l’intérêt de cette levée uniquement du point de vue de la société et non de celle de l’actionnaire majoritaire qu’il est.

❚ C’est là que vous demandez à Georges de répondre à la question que vous posez à chaque fois qu’un actionnaire dirigeant vous demande de lever de l’argent. Quelle est-elle ?
La question est d’apparence simpliste : « Êtes-vous sûr que cette levée est intéressante pour vous ? Cet argent va-t-il créer in fine plus de valeur qu’il n’en coûte à l’actionnaire, au travers de la dilution et des conditions de l’investissement ? » Plus prosaïquement, d’un point de vue patrimonial, cette opération vaut-elle le coup ? Au-delà de cette question primordiale, une seconde se dessine : « N’y a-t-il pas plus de création de valeur dans un adossement (une cession en deux temps)
à un industriel pouvant apporter plus que le simple argent ? » Le vrai problème alors pour répondre à ces questions est de pouvoir déterminer la valeur « de marché » de la société. En fait, la seule manière pragmatique pour offrir une réponse à notre client est de ne pas choisir a priori et de conduire deux processus en parallèle : rechercher le financement et évaluer la cession à un industriel en même temps. Nous appelons cela un dual track.

Il faut conduire deux processus en parallèle : rechercher le financement et évaluer la cession à un industriel en même temps. Nous appelons cela un dual track.

❚ Au-delà de pouvoir choisir entre continuer à croître ou réaliser la valeur de l’entreprise, quel est l’intérêt de ce dual track ?
Au-delà du choix permettant d’arbitrer sur des éléments réels entre les deux scenarios, le dual track permet d’optimiser le processus auprès des deux familles de cibles. D’un côté, la présence du private equity donne du rythme et accélère
les cycles de décision. Le métier des fonds est d’investir et ils impriment au processus un rythme soutenu. En outre, leur entrée au capital signifierait pour les industriels une incapacité d’acheter l’entreprise, du moins pendant une période donnée et au prix actuel. De l’autre côté, les industriels permettent de défendre auprès des financiers, le potentiel du marché, la valeur de l’entreprise, ainsi que la preuve d’une piste de sortie avérée. Cette double approche instaure donc une saine compétition qui permet d’optimiser pour les actionnaires à la fois la sécurité, le timing et la valeur de la transaction. Tout en conservant le choix entre les différentes pistes pour la fin… C’est le meilleur des deux mondes.

❚ Et dans le cas de Georges, comment cela s’est-il passé ?
Après de nombreuses discussions, Georges a préféré la piste industrielle. C’était il y a un peu moins de deux ans. Cet adossement a permis à la société de presque tripler sa taille, tout en améliorant sa rentabilité. Il devrait bientôt réaliser sa
sortie et une cession complète, sur une base de prix six fois supérieure à la meilleure des offres financières reçues dans le cadre du processus !


Pour en savoir plus : http://www.croissanceplus.com/2eme-numero/
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Anne-Laure ALLAIN
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