Mercredi 24 avril 2024 à 13h00
Le président de CMI France, Denis Olivennes, a annoncé lundi à la rédaction de Marianne que le propriétaire de l'hebdomadaire, Daniel Kretinsky, souhaite le céder, selon des sources concordantes.
Une source proche du dossier avait déjà indiqué la semaine dernière que le milliardaire tchèque envisageait la vente, car la ligne éditoriale "souverainiste radicale" de Marianne ne correspondait pas à ses convictions pro-européennes.
Lors de son intervention devant la rédaction, Denis Olivennes a confirmé que Daniel Kretinsky l'a mandaté pour cette vente, qui vise à "assurer durablement le financement de Marianne", "sanctuariser la ligne éditoriale", et maintenir Natacha Polony à la direction de la rédaction si elle le souhaite, selon CMI France.
M. Olivennes a également précisé que Daniel Kretinsky s'engage à soutenir Marianne jusqu'à la conclusion des négociations, comme le mentionne la rédaction dans un communiqué.
Le comité social et économique (CSE) et la société des rédacteurs (SRM) seront très vigilants quant au respect de ces engagements par le CMI, Daniel Kretinsky et le futur repreneur.
Marianne est dans le giron de Daniel Kretinsky depuis 2018, période durant laquelle il y a investi 20 millions d'euros.
En parallèle de son empire médiatique en République tchèque et de son puissant groupe énergétique, le magnat tchèque a intensifié ses investissements en France. En novembre, il a acquis Editis, le numéro deux de l'édition, cédé par Vivendi. Depuis 2018, il a également racheté les magazines du groupe Lagardère Active (dont Elle et Télé 7 Jours), acquis plus de 5% du groupe TF1 et renfloué Libération à deux reprises, sans en devenir actionnaire.
Son entourage a toujours affirmé qu'il souhaite "aider le pluralisme", même au risque de perdre de l'argent. Bien qu'il ne s'interdise pas de sortir d'une rédaction, il s'interdit d'y intervenir.
En mars, Natacha Polony avait réfuté toute ingérence de l'actionnaire, qu'elle qualifie de "particulièrement respectueuse".
Créé en 1997 par les journalistes Jean-François Kahn et Maurice Szafran, l'hebdomadaire compte 55 cartes de presse. Sous l'initiative de la direction de la rédaction, une nouvelle formule a été lancée en mars, notamment la pagination de moitié et abaissant le prix de 4,40 euros à 3,50 euros.
Ce lancement a été couronné de succès, avec une forte augmentation des ventes au numéro et une reprise des abonnements papier et numérique, selon CMI France.
Avec 129 000 exemplaires vendus en 2023, Marianne a vu sa diffusion baisser de 1,3% par rapport à 2022, se positionnant derrière ses concurrents Le Point, L'Obs et L'Express.
L'année dernière, Marianne a enregistré une perte de 3 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires de 12 millions d'euros.
Source : Fusacq