
Mardi 03 Août 2021 à 08h00
AON et WILLIS TOWERS annulent leur fusion suite aux objections de Washington
Aon, numéro deux mondial du courtage d'assurance, avait annoncé en mars 2020 son intention de racheter son concurrent Willis Tower Watson, troisième du secteur.
Mais sur fond d'une lutte renforcée contre les pratiques anticoncurrentielles sous l'administration de Joe Biden, les autorités américaines avaient, mi-juin, déposé plainte devant un tribunal du district de Columbia pour s'opposer à cette opération au motif qu'elle pourrait faire monter les prix et réduire l'innovation.
"Malgré plusieurs approbations dans le monde, y compris le récent feu vert donné par la Commission européenne à notre rapprochement, nous sommes arrivés à une impasse avec le ministère américain de la Justice", a indiqué dans un communiqué le directeur général d'Aon, Greg Case.
"La position du ministère de la Justice ne tient pas compte du fait que nos entreprises opèrent de façon complémentaire dans des domaines vastes et concurrentiels de l'économie", a-t-il regretté.
"Nous restons convaincus que le rapprochement aurait accéléré notre capacité commune à innover pour le compte de nos clients, mais faute de parvenir à une résolution rapide du litige, nous devons nous résoudre" à abandonner le projet, a-t-il ajouté.
Aon va en conséquence payer une indemnité de 1 milliard de dollars à Willis Towers Watson. Les deux entreprises ont leur siège à Londres mais sont cotées à New York.
"C'est une victoire pour la concurrence et pour les entreprises américaines, et au final, pour leurs clients, leurs employés et leurs retraités à travers le pays", a réagi le ministre américain de la Justice, Merrick Garland.
Pour fournir à leurs employés et retraités des assurances-santé et des retraits fiables, les employeurs "s'appuient sur des courtiers d'assurance comme Aon et Willis Towers Watson pour gérer les complexités de ces prestations de santé et de retraite", a-t-il souligné.
Les entreprises font aussi appel à eux pour leur gestion des risques, avec les assurances immobilières par exemple.
Pour le ministère américain, Aon et Willis Towers Watson avaient certes accepté de se séparer de certaines activités, mais pas suffisamment pour protéger les consommateurs américains et s'assurer qu'il reste suffisamment de concurrence sur leur marché.
Le chiffre d'affaires combiné des deux groupes s'élevait en 2020 à environ 20 milliards de dollars, soit plus que l'actuel numéro un du secteur, l'américain Marsh & McLennan.
Joe Biden s'est engagé à durcir la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, présentant récemment un large éventail de mesures allant de la surveillance renforcée des géants de la Silicon Valley à la fin des clauses de non-concurrence dans les contrats.
Il a aussi nommé plusieurs personnalités réputées pour leur défense des lois anti-monopoles, à la tête de l'agence en charge de la concurrence (FTC), à la Maison Blanche et à la division antitrust du ministère de la Justice.
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